Après une édition virtuelle puis une autre en décalé pour cause de pandémie, les affaires ont enfin repris leur cours normal à la TEFAF de Maastricht. Dès l’entrée, les traditionnelles et non moins spectaculaires compositions florales sont là, les huitres aussi, signe que tout est redevenu comme avant. En tout cas, les exposants, eux, continuent de réserver leurs meilleures pièces à cette foire, réputée pour son prestige et la qualité de sa sélection qu’il s’agisse d’antiquités, de toiles de maîtres, de livres anciens, de design contemporain, d’art moderne… ici le spectre va de Cranach à Kapoor et bien plus encore.
Pour preuve, à gauche la Galerie Kugel présente par exemple un impressionnant cabinet arborant une architecture vénitienne tout en lapis-lazuli, améthyste et jaspe du eXVIe siècle, tandis qu’à droite White Cube expose une des fameuses Ecriture de 2009 du coréen Park Seo-Bo, père du mouvement Dansaekhwa. Le tout des deux côtés d’une seule allée.
D’une toile à l’autre, on croise également un très beau Cretto d’Alberto Burri de 1973 chez les Italiens de Matteo Lampertico Fine Art. Certes, la présence des arts décoratifs est généralement un peu moins massive à la TEFAF mais quelle présence !
Comme toujours, Axel Vervoordt parvient à créer l’ensemble impeccable, cette fois autour d’un long bureau en contreplaqué de tek de Le Corbusier (1954, époque Chandigarh).
Plus loin, le légendaire canapé de la Maison de Verre signé par Pierre Chareau avec Jean Lurçat trône sur le stand de la Galerie Chastel-Maréchal, aménagé par Jean de Piépape.
Fidèles à leurs classiques, les Autrichiens de Bel Etage alignent une série Wiener Werkstätte majestueuse, pendant que Maria Wettergren fait la part belle au contemporain avec une fascinante sculpture en fils de lin et coton de la norvégienne Gjertrud Hals, Ultima. Green Gold, comme suspendue en apesanteur.
Surprise à l’étage, parmi les dix antiquaires émergents invités dans la section Showcase : Maxime Flatry crée la sensation sur son stand, sobrement imaginé par Simon Basquin, grâce à un bureau en chêne brossé et cérusé – avec son très beau fauteuil – d’Eyre de Lanux (circa 1932), pour la première fois sur le marché depuis son achat aux enchères par Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en 1982 à Enghien.
De quoi rivaliser avec les collections, « qualité musée » comme on dit, du Mobilier National installé juste à côté avec un audacieux mélange d’époques qui fait dialoguer le mobilier contemporain de Benjamin Graindorge, créé au sein du studio Ymer & Malta, avec un étonnant cabinet de Marc Held. Et tout ça n’est qu’une infime sélection…